Littérature

Interview confinée – Alexis Potschke, auteur de « Rappeler les enfants ». Ep.4

16 juin 2020

Nous étions le 6 mai. Dans quelques jours, nous serions déconfinés. Voilà plusieurs mois que j’avais envie de lui parler, alors je l’ai relancé…et ça s’est fait ! Entretien avec Alexis Potschke, auteur du roman « Rappeler les enfants ». On va parler doute de l’écrivain, bonheur d’enseigner, prof et élèves confinés etc.

Comme cet entretien était fort passionnant, je vous propose de le découvrir en plusieurs épisodes. Dans ce quatrième et dernier épisode, Alexis nous parle de la réaction de ses élèves et de la profession à la publication de son roman et de ses futurs projets..

Quelle a été la réaction de vos élèves au moment de la publication ?

Aucune ! (Rires) Figurez-vous qu’en fait, très peu se sont reconnus ! J’ai un élève qui s’est reconnu, Dercim dans le livre. Il est en seconde maintenant. Un jour, je l’ai croisé en allant au collège, lui allait au lycée, et là il m’interpelle et me dit « Avouez monsieur…Dercim, c’est moi non ?… » « euh…oui mais comment tu sais ? » « c’est le seul marxiste de votre livre. » (Rires) D’autres se sont doutés. Mais au global, les élèves ont eu la délicatesse et la pudeur de ne pas m’en parler frontalement.  Au début, j’ai cru qu’ils ne le savaient pas. Et pendant longtemps d’ailleurs, ils ne l’ont pas su, idem pour mes collègues, j’ai essayé de garder ça un peu pour moi..je voulais continuer à rester Mr Potschke L’ENSEIGNANT quand j’étais au collège… et pas l’auteur. J’ai découvert assez tard, à la rentrée de cette année, qu’en fait, il savaient…Un jour, une élève dit à un autre que j’avais publié un livre. Il lève la main et lance « C’est vrai monsieur ?? » et les autres de répondre avant même que j’acquiesce « Bein oui bien sûr » !!  Et c’est comme ça que j’ai réalisé qu’ils le savaient ! Et certains même l’avaient lu et m’ont dit qu’ils le trouvait bien (Rires) On n’en a jamais reparlé ensuite. Parfois j’ai quelques allusions quand on traite en cours de la chaîne du livre par exemple, de ce que c’est qu’un éditeur etc. Dans ce cadre, je me permets d’en parler de l’intérieur en tant qu’auteur. Et ça ne les surprend pas  Ca ne vient pas s’intercaler entre les élèves et moi, il y a le prof et l’auteur. J’ai vraiment été très agréablement surpris de leur réaction et de celle des parents. Certains ont fait passé par les élèves des dédicaces (Rires). De temps en temps, dans des discussions informelles, ça peut réapparaître mais très peu. Mais en fait, je pense que c’est parce que j’ai tellement été sincère dans l’écriture du livre qu’ils ne se sont pas sentis floués. Si on leur avait demandé d’imaginer ce que j’aurais pu écrire, ça aurait ressembler à ça !  J’avais peur de signer sous mon nom notamment. On ne sait jamais ce qui va se passer (surtout pour moi qui ai attendu si longtemps avant de donner à lire). Quand ça arrive, on a un peur de voir ce que ça peut donner. Mais j’assume complètement ce livre.

A l’ancienne…©mwesigwa-joel

C’est votre premier ouvrage. Comment a-t-il été reçu par la profession ?

Je suis assez content. J’ai l’impression que ça a vraiment parlé aux gens qui l’ont lu. J’ai lu peu de critiques négatives. Le message que j’ai voulu porté a été reçu comme tel. On parle souvent de ce qui ne va pas dans l’enseignement or moi j’avais vraiment envie de mettre les élèves au centre, c’est grâce à eux et pour eux qu’on fait cela. Et ça, ça a été vraisemblablement bien compris. Et je suis aussi très content de voir que les critiques n’ont pas oublié le travail littéraire. De voir qu’il n’a pas été effacé par la thématique. J’aime vraiment écrire. Un roman littéraire, avec un sujet pareil au centre…je ne voulais pas que ce ça se résume à une chronique de professeur. La critique a su parler du fond mais aussi de la forme.

Des indices sur votre futur projet littéraire ?

Je suis train de travailler sur plusieurs choses en même temps. Ce que je peux vous dire, c’est que je me penche sur mes expériences professionnelles antérieures à l’enseignement.  Entre 18 et 24 ans…

Crédit Photo : ©Retrosupply

Il était une fois… 2019